Michel Peetz nous fait visiter la Belgique au premier dimanche d’août. L’après-midi. Le temps s’est suspendu. La ville est désertée. Il reste les perspectives. Les allées, les esplanades vides. La Sambre canalisée.
Michel Peetz s’approprie les codes des cartes postales semi-modernes éditées de 1960 à 1970. Souvenez-vous : la digue de Middelkerke au ciel invariablement bleu azur, le cortège des nuages blancs ; les rouges et les verts trop vifs, comme un pimpant décor de théâtre.
Pour les besoins de l’illusion, Michel Peetz erre dans le paysage, sélectionne impitoyablement les lieux. Il les photographie de haut et à distance ; reconstruit ensuite longuement les images, les redresse, les recompose et les recolorise. Il épure et nettoie : véhicules gênants et papiers gras. Il appose un logo désuet. Il imprime chaque image en exemplaire unique, au format conforme, 10,5 × 15 cm. Pour conclure la mystification, chaque carton est usé à la main.
Dans une collection riche de centaines de cartes, le spectateur est convié à parcourir d’un pas nostalgique l’asphalte d’un royaume enjolivé.
Yves Brumme